C’était il y a quelques années. Pour la première fois nous visitions Roberval en famille. Fanny n’y était pas pour des raisons évidentes. Françoise avait offert un jeu sur CD à Alice qui n’en avait que pour Caillou.
C’est aujourd’hui. Elle s’est éteinte comme elle a vécue : avec honneur, chez elle, devant son lac.
J’aimerais revoir cette photo où je l’embrassais en disant « Tante, tante ». Elle aimait cette histoire. Moi aussi. Elle m’a accompagné dans mon enfance. Elle m’a donné tellement de belles années. Elle m’a appris le respect des autres, du groupe. Je me souviens clairement de ces arrivées au chalet, sur « La Lièvre » où mon premier boulot c’était d’allumer le réfrigérateur (oui, allumer ! Pour les dubitatifs, faites de la thermo). Puis de mettre tout en place pour pouvoir en profiter.
Remplir le réservoir d’eau, rentrer le bois, trouver sa place dans le dortoir, en haut où on avait tellement de fun. Fun qu’elle n’a pas partagé le soir où des souris se sont mis à courir dans le plafond à 23h30. Tout le monde en voiture on rentre à Roberval ! Où une autre ballade pour trouver du sel à 20h.
Partout dans ma vie elle est là. Même après avoir émigré en France, elle est restée dans ma vie, dans ma famille. Ce soir, mes filles sont triste d’apprendre son départ. Même loin elle a fait partie de leur vie.
Tu fais partie de ces personnes importantes, tout près du cercle familial restreint, tellement près que tu en fait partie. Dans cette famille « des Bouchard », tu n’as jamais été à l’extérieur. Tu était toujours près de nous, avec nous. J’imagine que c’est pour ça que j’ai peu de souvenirs de ma petite enfance sans toi.
En grandissant, j’ai entendu les histoires des plus vieux. Je n’ai pas eu envie de les laisser traîner leurs gouttes sur moi. Ta vie d’adulte je te l’ai laissé jusqu’à ce que je puisse partager la mienne avec toi. Tes histoires avec tes élèves. Te voir dans les couloirs de « La Polyvalente ». Avoir la fièreté d’être le neveu d’un des professeurs. Que dans le lot de « prof », y’avait ma tante.
Puis je suis parti, mais tu es restée. Mon premier retour à Roberval, avec mes beaux-parents c’était juste à coté de chez toi. Alice voulait voir les « chouchous » deux à trois fois par jour. Puis il y a eu Fanny, le baptême, et tant d’autres choses, toujours chez ou près de chez toi. Tu te souviens de la visite des garde-pêche ?
Ce soir je suis loin de toi, et tout près. J’aurais voulu te voir une dernière fois. Mais à chaque fois c’est la même chose. On veut te revoir encore une fois. Comme un film, c’est le signe d’une réussite d’avoir envie de la revoir. Ta vie, est une réussite. Et tu la termine en paix. Nous en sommes tous soulagés.
On s’occupe de ton petit frère ; et de ton Lac