Ben non

Ben non.  J’étais pas un fan de Serge Fiori. Ca c’était mon frère. Il m’a tellement “cassé les couilles” (j’arrive pas à trouver l’équivalent en québécois) avec l’Heptade que j’ai promis de ne pas l’écouter avant vingt ans.

J’ai tout de même triché, un soir d’hiver à Sherbrooke quand on partageait un appartement sur Galt.  Puis j’ai découvert l’autre Fiori, celui tout seul. Celui de l’album de 1986.  Celui qu’on arrive même pas à trouver sur le Web en download (même si j’avais le CD original).  Comme quoi, tout le monde n’est pas virtuel.

“Le vent, le vent,  qui souffle et souffle et souffle”

Puis je suis parti en oubliant le CD en faisant mes bagages.  Et puis, ma femme, petite parisienne qui avait acheté “La cinquième saison” et “L’Heptade” à son adolescence m’a rattrapé de ses souvenirs.  Un soir en Normandie avec mes filles, je suis tombé sur “Le monde est virtuel”.

Pus capable de m’en détacher.  D’entendre ses mots qui, souvent, rejoignent les miens.  Pas au Centre Bell, mais au Café de la gare à voir Patrick Watson, un autre montréalais, entourés de cells qui capturent l’image plutot que le son et le moment.

Fiori, pour moi c’est pas l’Heptade.  Ca c’est un autre monde, celui de mon frère, de la rencontre avec Michel Normandeau un soir de Noël à Paris.  C’est la fusée de tintin qui trône sur mon bureau, offerte par Normandeau à mon père.

Pour moi, Serge Fiori, c’est après Harmonium. C’est le Fiori de 1986 : Etrange, Journal et le reste.  Et depuis quelques jours, c’est “Le monde est virtuel”. Tout particulièrement parce qu’il prend à contre pied le monde “virtuel” dans lequel je vis.

Mes collègues sont à Phoenix, Austin, Santiago, Palma de Mallorca, Cambridge, Taipei, Londres, Beijing, Concón, Sao Paolo, Zagreb, Sungnam, Kyunggi, Tucson, Wroclaw, Santiago.  Ils sont vrai, j’ai bu des bières avec eux, fait des pizza, partagé des repas. Je les rencontrent tous les jours, de loin.  Je salue Billy à Tucson quand il arrive le matin alors que je pars le soir.

Mes racines sont au Québec.  Pourtant, les racines de Fiori sont pas loin de l’Europe.  Pourtant, ses mots vibrent en moi et pas ceux ces années 70.  Les nouveaux, ceux d’après la douleur.  Je suis triste pour lui et content pour moi.  Je voudrais juste pouvoir lui dire merci pour la suite.  Pour ce qui est arrivé après.

Pour moi, il est ce qui a été après.  Merci à mon frère d’avoir écouté Harmonium et de m’avoir fait connaître un musicien exceptionnel.

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