Quel est mon français ?
En lisant un article sur la lutte en cours à propos des frais de scolarité au Québec, j’ai été frappé par une phrase qui me semblait boiteuse :
Les étudiants de l’Université du Québec à Chicoutimi seront appelés à se prononcer sous peu, si ce n’est déjà fait. Gréver ou ne pas gréver?
Une rapide vérification de la signification du verbe “grever” sur www.larousse.fr me confirme que gréver signifie charger de façon excessive et non pas faire grève.
Or je connais l’expression “faire grève” : je suis en France tout de même, c’est une façon de vivre la grève. Mais je sais aussi que dans un contexte québécois, gréver veut aussi dire se mettre en grève, ou faire grève.
Puis, grace à mon père et à Facebook, il a attiré mon attention vers un article de Nathalie Petrowski (elle de toutes) qui, elle aussi, se pose quelques questions intéressantes.
Depuis longtemps je crois que les québécois se trompent de guerre quand il s’agit de la langue. Je crois bien que ce fut une des raisons de ma décision d’émigrer; pas pour aller vivre là ou on parle le “vrai français” car il n’en est qu’un, mais plutôt pour aller ailleurs, où toutes ces questions ne se posent pas (bien à tort parfois).
Les québécois en voient pas la forêt de la grammaire au travers des mots francisés à excès. Même le Grévisse y fait référence, c’est pour dire. Mais pour portéger la langue française au Québec, on a choisi de protéger les mots, seulement.
Ca m’a surtout frappé depuis mon récent passage à Montréal. Après avoir entendu
Faut faire sûr que tout le monde est là
Pourtant, rien ni personne ne réalise l’anglicisme de make sure, personne ne le remarque, ce n’est pas un mot. Je cherche d’autres exemples de structures grammaticales anglo-saxones qui s’immiscent lentement dans la langue française parlée au Québec.
Et ne vous méprenez pas, je ne souhaite absolument pas plus entendre le français de Paris à Québec qu’à Bruxelles ou Charleroi. La langue française parlée au Québec est riches d’expressions que je garde, que ma famille apprend ici, en France. Mais mes femmes gardent une grammaire bien française, même quand elles truffent leurs phrases de quelque mot anglais qui fait Djeuns ou à la mode.
Le plus paradoxal, c’est qu’un de ces mots anglais à la mode qui est apparu depuis un ou deux ans, c’est “Fun” qui est tellement bien représenté au Québec.
C’est pu le fun pantoute, tout ça !