27. 12/06/97

Ce merveilleux pays dans lequel je me suis envolé m’a couté ma vie passée. Les gens que j’aimais, les lieux qu’il me faisait tant plaisir à revoir. Jusqu’à l’arôme vague du café qui vient éveiller lentement les sens endormis par une nuit que je ne voudrais pas voir se terminer.

J’ai trouvé cette sérénité au prix d’une vie dans laquelle j’avais baissé les bras. Je n’ai rien regretté mais j’ai réalisé que le moyen de cette quête était inutile. J’ai découvert depuis ce qui ne m’a jamais quitté. Le choc fatal avait secoué loin de moi une carapace lourde qui me séparait de ce calme dont j’ai pu jouir. C’était un moyen comme un autre d’y arriver. Il est seulement plus coûteux.

Toutes ces couches d’une poussière temporelle qui assombrissait mon âme, j’aurais pu les éloigner autrement. C’était une question de courage et de patience. Ces deux-là m’avaient quitté longtemps avant. Il aurait peut-être fallu quelqu’un pour me faire voir. Non, je ne crois pas qu’on peu ouvrir les yeux d’un autre sur sa propre situation. On ne peut que lui tenir la bougie haute pour l’aider à mieux voir. Cette petite par exemple. Son indifférence à tout me donner aurait du m’aider à y voir clair. Elle est arrivée dans mon monde pour rien. Elle est repartie pour la même raison. Je suis resté seul devant ce bref passage à n’y rien comprendre. Et c’est sûrement à ce moment que tout s’est joué.

J’ai maintenant la paix que je cherchais avec tant de ferveur. Mais j’ai sûrement payé trop cher pour me l’approprier. J’ai suivi le fil de ce monologue jusqu’au bout sans me questionner sur la source, sur les motifs de sa naissance. J’ai été le témoin d’une histoire déjà jouée sans me rendre compte que je la répétais à l’identique. Comme lorsqu’on est tellement pris par l’histoire qu’on se surprend à répéter mot à mot les dialogues de l’intrigue. J’ai suivi jusqu’au bout sans vouloir apprendre. Je n’ai cherché qu’à connaître.