Atelier d’écriture Bric à Book #34 : Les Zadistes

On ne sait pas si la mousse est arrivée avant les mousses. Les cadavres, le reste des assistants à l’oubli jonchent le sol alors que la nature tente de reprendre la maîtrise ce cet espace maintenant vide.

Nous y avons vécu pendant plusieurs semaines. Protégés au moins de la pluie et de l’humidité de la nuit. Maintenant, le froid s’installe et même là ça devient trop froid. On va chercher ailleurs le refuge minimal. L’endroit où l’on peut se permettre de s’assoupir à l’abri des jugements.

Moi je dormais sous la bâche de plastique. Aujourd’hui, c’est une bouteille de pastis qui dort à ma place. Je ne sais pas qui a été le plus replis de p’tit jaune. Même en été, le plastique tenait au chaud. Il y avait au moins quelque chose entre moi et la nuit.

Puis on a dû partir, le coin grouillait de flics. Des CRS partout, on n’a pas compris. Au début, on croyait que c’était pour nous, qu’ils cherchaient à faire du ménage. Puis après plusieurs passages près de nous sans que personne intervienne, on a réalisé qu’ils étaient là pour d’autres. On s’est tenu à carreau le temps qu’ils disparaissent puis on s’est barré.

Ce sont les gens du village qui m’ont expliqué. Un d’eux avait eu la gentillesse de m’offrir sa chaleur et un café. Le patron du troquet, le seul des alentours. Il m’a dit qu’ils recherchaient des « zadistes » ou quelque chose comme ça. Ceux-là venaient pour protéger la nature, les oiseaux, ce genre de connerie. Ils n’ont pas besoin d’être protégés, les oiseaux, ils s’envolent.

Un jour, j’espère que nous on fera parti des « Zautres à défendre »

One Comment

  1. Les Zautres à défendre. Belle image. Oui, quand on est dans la galère, on aimerait bien que l’aide se dirige plus vers nous que vers les plantes ou les animaux, c’est humain. Bien écrit, le ton est juste ! Merci Louis et heureuse de lire à nouveau ta participation à l’atelier de Leiloona ! 🙂

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