Ego trip

Histoire de répondre de façon exhaustive à un commentaire anonyme, voici donc ma position sur la négociation actuelle entre l’inter-syndicale HP et la direction.

Par contre, à titre de remarque liminaire, je tiens à indiquer à cette couille molle d’interlocuteur anonyme que mon égo va très bien, que personne dans ma famille n’a envoyé de courrier anonyme à la préfecture (un peu normal, je suis canadien) et que mes ainés sont venu se faire tuer sur les plages de Juno Beach pour vous permettre de garder un certain niveau de liberté.

Survie d’une inter-syndicale

A mon grand étonnement, l’inter-syndicale se porte bien et arrive à survivre à ses querelles idéologiques. François Cherèque disait la semaine dernière sur Europe1 :

“Il est temps de trouver une nouvelle façon de gérer le dialogue social dans ce pays”.

Cette cohésion est gage d’un certain rapport de force face à une direction sans beaucoup de marge de manoeuvre. Donc ils ont raison de tenter de tenir le plus longtemps, malgré une base d’employés qui sont, pour beaucoup, trop pressés de se tirer avec un “package” digne de ce nom.

La mort du “HP Way”

Cette éthique que j’espérais retrouver lorsque l’on m’a annoncé que Compaq était racheté par HP, n’existait déjà plus lorsque nous sommes arrivés. Du moins en France, mais je crois que ça reste vrai au niveau mondial. C’est justement à ce titre que l’on arrive à voir que la fusion entre ces deux sociétés a bien été effectué. Sauf en France où l’on continue à parler de pmHP, pmCPQ, Digital, bleus ou rouge, etc.

C’est à ce titre que plusieurs revendiquent une qualité d’environnement dans leur contexte de travail qui a déjà disparu depuis plusieurs années. Et le changement de direction à la tête d’HP n’est qu’un des éléments qui ont causé ce changement.

A moins d’être profondément autiste (caractéristique que je réserve à une certaine frange politique), on ne peut nier que le contexte du marché informatique a profondément changé depuis la fin de la vague Internet. L’implosion de la bulle Internet a marqué aussi la fin de l’age d’or de l’informatique.

D’un métier d’avenir, l’informatique est devenu un métier. Un métier dans une industrie qui ne peut plus de permettre de demander des tarifs exhorbitants à ses clients. Or l’infrastructure des sociétés informatiques est basée sur une structure financière s’appuyant sur les anciens prix. Pour pouvoir supporter les demandes à la baisse des clients, les société informatiques doivent revoir à la baisse leur structure financière. Nous en sommes les premières victimes car la majorité de ces financiers n’ont qu’une vue à quelques trimestres.

Peut-être que la situation changera, mais je ne suis pas très optimiste. Je crois que les métiers de l’informatique évoluerons comme les métiers de la mécanique au début du siècle dernier. Y-a-t-il encore quelqu’un qui vois le mécanicien du coin comme le précurseur qu’il était au début du vingtième siècle ?

L’ère boursière

La différence primordiale entre les licensiements boursiers d’aujourd’hui et ceux d’hier, c’est que ceux qui perdent leur emploi à cause des cours boursiers le savent aujourd’hui alors qu’ils l’ignoraient hier. Si vous voulez vous en convaincre, regarder “Wall Street”, le film d’Oliver Stone qui montre les comportement des raiders boursiers pendant les années 80. Ceux-ci achetaient des société à rabai pour les démanterler à la pièce pour faire des profits. Ca se nomme maintenant “vente à la découpe” et c’est dans l’immobilier mais ça n’a rien de nouveau.

Sauf que maintenant, les employés savent que c’est la bourse qui décide de nombreuses décisions à l’intérieur de leur société. Le pire c’est que pour plusieurs d’entre eux, ils sont au moins en partie les clients des institutions qui demandent des performances à 2 chiffres aux stocks boursiers.

Car si je me souviens bien, plus de 66% des employés HP ont participé au PEE qui se base sur des FCP. Ce sont les gestionnaires des FCP qui sont les boursiers qui demandent toujours plus de rendements.

Le consumérisme

On le sait aujourd’hui, ce n’est plus la peine d’invoquer la solidarité, tout ce qui compte c’est le prix du caddy. Il suffit de voir le nombre de collaborateurs qui achètent des PC de type “white box” ou encore pire, qui achètent à la concurrence parce que le prix est plus bas. Et pourquoi seraient-ils en reste des administrations publiques qui préfère acheter chez les fabricants qui n’ont aucune activité industrielle en France, juste parce que ç’est moin cher. Normal, car le contribuable ne comprendrait pas que l’on paye plus cher un système HP conçu en France, plutôt qu’un serveur Dell conçu ailleurs.

Le PSE 2005

Et les négociations dans tout ça ? Parce que c’est quand même la question à l’origine de ce trop long commentaire. Et bien le PSE chez nous, c’est la somme de tous ces comportements appliqué en interne. Des grincheux qui ne souhaitent que s’envoler avec un pactole, des ideologistes qui rêvent avec nostalgie du passé, des boursicoteurs qui ne voient que leur profit à court terme. Et quelques uns qui ne souhaitent que garder le boulot de garagiste, petit mécanicien de quartier ou mécano de prestige.

J’en suis à mon 4eme plan. A chaque vois, j’ai vu partir ceux qui avaient assez de compétences pour se caser ailleurs. J’ai aussi vu rester ceux qui étaient trop limités pour se caser ailleurs. Certains se sont plantés. D’autres ont bien réussi. Celui-là sera un peu plus sévère, car je crois que la direction n’a pratiquement pas de marge de manoeuvre, face à une nouvelle direction à la poigne inpitoyable. Mais peut-être que cette poigne est ce qu’il faut pour garder HP à un certain niveau.

Maintenant, il est clair que ce niveau n’est pas ce qu’on connu plusieurs, ce que souhaitent bien d’autres. Essayez-donc d’anticiper sur ce que HP deviendra, demandez vous si ça vous est acceptable et décidez de rester où de partir. C’est du moins la réflexion que je poursuit en ce moment.

…Louis

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