Je suis arrivé il y a presqu’une heure. Ca fait un trop long moment que je suis ici à rien foutre. A scruter les gens qui entrent. Qui sortent. Qui arrivent et qui partent comme les vagues qui viennent s’écraser sur la façade d’une roche, le long du littoral d’une côte quelconque. Il y a cette drôle de petite femme qui était ici lorsque je suis arrivé. Elle semble un peu anachronique en ces lieux. Pas par le temps qu’elle revêt, mais plutôt par l’esprit qu’elle transporte. Elle est là, comme on le serait au dix-neuvième siècle. A l’écart des autres attendant un prétendant qui ne viendra pas. Evitant un inconnu qui est là, lui. Glissant ses yeux le long de ma personne hypocritement, comme pour me faire croire qu’ elle ne m’a jamais vu.
Lorsque je suis entré ici, il n’y avait plusieurs autres qu’ elle. Rien que tous ceux-là. Il m’a semblé que les autres n’étaient qu’un léger accompagnement à sa mélodie. Comme une légère flute que l’on entend clairement au travers d’un orchestre fugace bien que nombreux. J’ai pris place à une certaine distance d’elle. Assez éloigné pour que je puisse la voir facilement. Assez près pour qu’elle puisse me distinguer de cette masse informe. J’aurais eu d’autres choses à craindre si je n’avais pa su lui faire confiance. Depuis un instant, elle me sourit. Elle regarde vers moi. C’est trop facile.