Personne, il n’y avait personne. C’était toujours vide. Il n’y avait jamais personne. Il n’y avait que lorsque personne n’y était qu’il y avait quelqu’un. A ce moment là, il y avait moi. Et personne d’autre. Nous étions deux, moi et personne d’autre. Seuls tout les deux.
Partout où je regardais, c’était plein de vides, c’était lourd de ce vide qui ne pesait rien, qui n’était rien, qui était tout ça. Qui n’était rien que ça. Tout ce rien était trop gros, je ne voyais pas autre chose. Tout autre chose était hors de ma vue, hors de ma vie. Je me promenais tellement seul, que même mon ombre m’avais abandonné. Elle y était encore quelques jour auparavant, mais depuis peu elle m’avait abandonné. Comme les autres avant elle. Comme le temps, comme le jour. Elle était partie juste après le jour.
Lui il hésitait un peu alors. En hiver il était toujours plus hésitant. Mais à ce moment là, il n’avait pas hésité à être hésitant. Il y avait de la certitude dans cette absence de jour. Elle était profonde, comme si elle y était depuis longtemps. Et au fond de tout cela aucun bruit ne se faisait entendre sauf le chuchotement du sommeil des autres. De ceux qui étaient présents par leur absence.
Depuis que j’avais entendu ce type sur le ruban, j’avais l’impression d’être plus seul. Je sentais qu’il m’avais quitté, et pourtant je ne l’ai jamais vu, jamais rencontré. Sinon sans le savoir, par osmose de foule, de cité. Mais depuis que je savais qu’il n’était plus là, ne sachant pas a priori qu’il y était, je sentais mon environ un peu plus vide. Beaucoup moins plein.
J’avais l’impression qu’il m’avais montré d’où venait le vide. Je cru qu’il l’avais rencontré ce vide. C’était probablement la raison pour laquelle il avait composé ce message. J’avais pas le goût de traîner un vide pareil. Qu’il le garda, je n’en voulais pas. J’avais rien avant, j’avais pas besoin de ce vide.
J’étais bien avec rien. Je n’en voulais pas plus. J’avais rien avant, et ça m’allait très bien. J’étais content, j’avais rien. Tout était bien. Mais là, j’avais ce vide et je ne savais pas quoi faire avec. J’avais pas prévu de vide et dans ma vie. J’avais prévu rien. Dès lors, je sais qu’il y avais un vide. Avant je savais qu’il n’y avait rien.
Ce vide me rendais conscient que je n’avais rien. Avant, je n’avais rien et je ne le savais pas, alors tout allait bien. A cet instant je savais que j’avais ce vide, et rien n’allais plus.