Ce soir là…

On étais où ce soir là. A Venise, dans un quartier un peu à l’écart de la manne touristique qui manque tellement aujourd’hui.

On avait profité de cet endroit légèrement à l’écart pour profiter des Spritz italiens qu’on découvrait avec plaisir. Deux assiettes d’antipasti, des Spritz et Venise plutôt calme devant nous.

Un peu plus de marche qu’à la normale pour retourner à l’hôtel mais qu’importe, on était déjà habituer à marcher des miles en se trompant et en repassant deux ou trois fois devant la Fenice. C’est probablement un des plaisirs de Venise, de s’y perdre.

On est rentré doucement vers l’hôtel, déambulant dans les rues de Venise où de moins en moins les touristes s’attroupaient. De temps en temps, on voyait des téléviseurs déverser leur flot de nouvelles, d’images, d’actualité. Sauf que cette fois, à une ou deux reprise, les passants nous exprimaient leur dépit de la situation actuelle, de l’actualité.

Et nous avons vu le feu, sur l’écran d’une sandwicherie. Et encore ailleurs dans un bar. En encore plus ensuite. Le feu envahissait Venise par les écrans. Le feu français et la peine des vénitiens de voir Notre-Dame ployer sous les flames.

Nous sommes entré un peu ébahis à l’hôtel pour voir l’ampleur du désastre, réaliser que ce n’était pas seulement une “autre” nouvelle. Notre-Dame était en feu. Les jours qui ont suivi nous ont montré comment les vénitiens pouvaient être empathiques face au traumatisme de Notre-Dame.

Peut-être parce qu’il n’y a pas tellement longtemps, c’était la “Fenice” qui brûlait. Celle devant laquelle nous sommes passé trois fois sans savoir. Sans connaître son histoire récente.

Bientôt, il y aura des touristes qui passeront devant Notre-Dame sans savoir. En ayant passé devant le palais de Justice, et devant la Sainte-Chapelle et en repassant trois fois devant Notre-Dame.

Il ne sauront pas, auront oublié, ou seront trop con pour s’en souvenir. Mais Notre-Dame sera redevenue une fréquentation normale, après avoir marqué tant de personnes dans le monde.

Elle a huit-cent ans derrière elle. C’est ça qu’on oublie.

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