J’étais où le 22 août 2017 ?

En Normandie. Probablement à préparer l’anniversaire d’Alice, à m’occuper de mes beaux-parents qui étaient de passage. A m’inquiéter d’Henri qui n’allait pas bien.

J’étais en France le 22 août 2017, le jour on l’on a annoncé le décès de Réjean Ducharme. Fidèle à mon habitude, j’ai évité les infos, le net, les dépêches pendant les vacances. De toute façon, il ne m’a pas attendu pour mourir, c’était sa première fois.

Il a changé ma vie, ce vieux jeune homme. De la découverte de “L’Avalée des avalés” en passant par “L’hiver de force” que j’ai lu dans mon cartier, celui que décrivait Ducharme. La pharmacie Labow qui faisait le coin de la rue où j’ai ensuite travaillé chez Canonical, après avoir quitté Montréal pour Paris. La galerie Pink, rue St-Jacques, en face de chez René où je passais beaucoup de temps.

La où, un après-midi, sachant que j’allais partir pour la France j’ai écrit dans le livre d’Or de l’exposition de Rock Plante des mots qui lui étaient destinés. Je regrette encore aujourd’hui de ne pas avoir acheté une de ses oeuvres. Pour garder un lien avant de partir.

Puis après, cette lettre que je lui ai écrit parce que mon père avait récupéré l’adresse de Claire Richard. Que ne n’ai jamais osé lui envoyer. Parce qu’on envoie pas une lettre comme ça quand on est comme moi. Surtout pas à lui.

Je perds ce soir l’espoir de le lire. De découvrir à nouveau ses mots. Son dernier livre, “Va Savoir”, je l’ai lu sur épreuve avant sa parution. J’avais un contact chez Gallimard à l’époque. Je garde cette épreuve précieusement.

Mais de lui, ce que je garde de plus précieux, c’est le prénom de ma fille. Fanny. OK, j’ai cédé à l’orthographe de Pagnol parce qu’ils n’auraient pas compris ici. Mais quand j’ai choisi, j’ai entendu le “FanniE” de Ducharme. Et tous les jours, un de ses personnages est un peu avec moi. Et je dois avouer qu’elle porte fièrement la lignée Ducharmienne.

“Tu l’as dit Mamie, la vie il n’y a pas d’avenir la-dedans, il faut investir ailleurs”

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