Atelier d’écriture 204 : Come sail away

Je n’aime pas le froid. Me réveiller seul. Sentir l’air ambiant sur mes pieds. Savoir qu’il n’y a que moi pour réchauffer l’atmosphère de la chambre. Je découvre qu’elle est partie. Le DVD est resté sur la table. Connement, je pensais que ça lui plairait.

Lui il est là, juste à mes pieds. Prêt à s’éloigner. L’hélico en place, il attend les consignes. Il est là pour chercher ou pour aider. Moi je cherchais à l’aider. Je sais c’est foireux comme figure de style. J’ai rien d’autre, je me réveille à peine. En fait, il est sous mes ordres. Du moins c’est ce que je pense.

C’est peut-être le mouvement de l’air quand elle est partie qui me sort du sommeil. Son absence qui se fait doucement sentir. C’est pourtant elle qui a remué la couette toute la nuit. Elle n’a laissé que mes pieds découverts. À un moment, il n’y avait qu’eux de couverts. Elle part et abandonne derrière un coup de vent sur la fin de mon être.

Pas le goût de me réveiller. Je veux juste rester lové dans ses bras, étouffé dans sa poitrine. Rien d’opulent, sport oblige. Mais assez pour avoir envie de s’y blottir. D’y laisser mon souffle y réchauffer son ventre. D’y laisser mes lèvres surfer sur ses abdos encore durs, retourner m’abriter dans mon sommeil. Tant que je me repose sur elle.

Pourtant je sais qu’elle s’en est allé. Elle n’aime pas les séparations, les déchirements. Elle n’a jamais supporté de devoir me quitter, ne serait-ce que pour quelques mois. Donc elle disparaît avant que je ne commence ma journée. Elle préfère me voir partir seul. Elle suit le chemin déjà tracé, comme à notre habitude.

Son ventre me manque. Ses seins, ses hanches, cuisses, fesses, épaules, toutes emmêlées, entre-ouvertes, pressées contre moi, trop loin, si près. Ce qui me reste, encore une fois, c’est d’entrer en elle, la sentir tout autour de moi, vibrer avec moi, me prendre les épaules, les cuisses, les fesses. Ne pas devoir partir, demeurer ici.

Ces trop grandes vitrines me montrent un futur trop proche. Elle va mettre les voiles. Ce sous-marin va s’écarter doucement et la laisser s’éloigner. Et elle avec elle.

« Commandant, mon premier jour » qu’elle m’a dit avant de tirer la couette sur moi.

« On appareille demain »

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