Chapitre 1 – L’enregistrement

“Vous l’avez trouvée. Surprenant pourtant. J’aurais pas pensé que vous iriez jusqu’à écouter ma musique. Mais vous l’avez quand même découverte… au travers tout ces débris…

C’est au travers des débris de ma vie que vous l’avez trouvée cette cassette. De ma vie mais surtout de ma mort. C’est pour ça que j’ai voulu vous laisser ces quelques mots après une musique quand même assez gaie. Faut quand même pas dramatiser !!! C’est seulement moi qui n’est plus là. J’espère que je ne vous ai pas trop fait souffrir. C’était ma seule réticence. Je crois bien que j’ai fini par passer par-dessus. Passer par-dessus bord, passer l’arme à gauche, passer par la fenêtre, bien des clichés qui s’appliquent à mon cas. Quoi que passer par la fenêtre, je peux pas en être sûr…

C’est pourtant bizarre de se savoir écouté après son départ. Comme si on répétait la scène après la fin du tournage. Semblable au camion qui asperge les ruelles après l’averse. Un genre de médaille posthume. Mais je me sentais dans l’obligation de vous laisser quelque chose de personnel. Une trace que vous sauriez mienne. Je vous demande pardon.

C’était malheureusement devenu trop pénible à endurer. J’en avais marre de me sentir le Don Quichotte de la misère humaine. Les moulins-à-vents des conquêtes amoureuses ont fini par m’étourdir et m’épuiser. En plus, je n’avais même pas de Sancho pour m’accompagner. Je me reconnais des similitudes avec l’allumeur de réverbère de St-Exupéry. Ma planète a soudainement commencé à tourner de plus en plus vite. Je n’ai même plus le temps d’atteindre le “sapré” réverbère. Et tous ces jours de marche m’ont affaiblit. Même si ce ne sont que quelques minutes. A toute les fois qu’une flamme s’allume, il y a comme une brise invisible qui vient souffler cette petite lumière. Je n’en peux plus d’essayer de la rallumer. « Mais c’est la consigne… Bonsoir… »

Vous vous êtes peut-être demandé pourquoi. J’avais pourtant tout pour être heureux. C’est parce que j’en avais assez de me battre. Je me sens au bout de mes forces. La mort, pour moi, semble un bon repos avant de commencer quelque chose de neuf. Parce que ne pensez pas que tout est fini pour moi. Au contraire, c’est bien parce que je sens que tout n’est pas terminé que j’ai décidé d’emprunter ce chemin. « Lâche » me direz-vous ? Peut-être. Mais pourquoi toujours prendre le bois quand le sentier est si proche. En tout cas, c’est mon point de vue. Personne ne pourra me blâmer de n’avoir point vécu pour celui-ci. J’en suis même mort alors…

M’enfin, ne cherchez pas d’autres explications. C’est la seule. Si je n’espérais pas trouver quelque chose de mieux ailleurs, si je ne croyais pas possible de continuer l’apprentissage de la vie dans quelqu’autre endroit, je n’en serais pas venu à cette solution plutôt radicale. Ne m’en tenez pas rigueur, je vous en prie. Vous avez toujours respecté mes choix. S’il vous plaît, de tous, respectez surtout celui-là. Et si vous ressentez encore de la douleur, elle est due à votre propre perte et non à mon sort. Car je ne le considère nullement malheureux. Je suis totalement libre de ce choix. Ne vous en faites pas, il y a toujours un ciel bleu au-delà des nuages. Chacun a sa façon d’y arriver. J’ai choisi celle du petit prince pour retrouver ma rose. Je ne suis seulement pas sur si elle est toujours sur ma planète. Bonsoir…”

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